La cranberry, une solution contre les infections urinaires ?
Ecrit par Paul Musset, Docteur en pharmacie | publié le | mis à jour le 16/04/2024
Cette petite baie rouge appelée cranberry ou canneberge, originaire d’Amérique du Nord, est de plus en plus appréciée en Europe. Sous forme de jus, de baies séchées ou de comprimés, elle est connue pour ses propriétés préventives contre les cystites.
La canneberge ou cranberry : la baie médicinale des Amérindiens
La canneberge ou cranberry est un petit arbuste de la famille des éricacées qui pousse naturellement sur les terres acides des tourbières du Canada et des États-Unis. Son feuillage est persistant, et la hauteur de la plante ne dépasse guère les 30 centimètres, comme son cousin le myrtillier. Les Amérindiens l’appelaient sassamanesh ou ibimi. Son nom en anglais, cranberry, vient de « crane » (grue) et « berry » (baie), d’après la forme de la fleur qui évoque le bec des grues. Les populations locales l’ont toujours utilisée à des fins alimentaires ou médicales. Par exemple, un mets traditionnel d’origine amérindienne, le pemmican, est composé de poudre de viande séchée, de graisse et de cranberries.
Ce fruit a une valeur énergétique et des qualités de conservation exceptionnelles. Sa culture organisée, en Amérique du Nord, a commencé au début du XIXe siècle. Un pied de cranberry mettra au moins quatre ans à donner ses premiers fruits, mais à pleine production, il pourra donner 300 grammes de baies. Les tiges rampantes forment des racines au point de contact avec la terre (marcottage), ce qui facilite la reproduction des arbustes. Pour la récolte, difficile et fastidieuse, de l’automne au printemps, on utilise aujourd’hui un moyen très efficace qui consiste à inonder les champs : les canneberges flottent et sont ainsi plus faciles à ramasser !
Les molécules actives de la baie de cranberry et ses propriétés
La baie de cranberry contient des glucides et différents acides. En raison de sa grande richesse en vitamine C, elle a été utilisée lors des traversées de l’Atlantique en bateau afin de protéger les marins du scorbut, cette maladie liée à une carence en vitamine C qui peut être très grave.
La baie de cranberry est également riche en flavonoïdes (flavonols, anthocyanines, proanthocyanines), des molécules antioxydantes qui neutralisent les radicaux libres responsables du vieillissement des cellules, entre autres. Elle contient une quantité intéressante de resvératrol, un polyphénol antioxydant.
Enfin, elle comporte une molécule appelée acide ursolique, qui aurait la capacité d’entraver la prolifération de certaines cellules cancéreuses (notamment pour les cancers du foie et du sein), bien que d’autres études soient nécessaires pour confirmer cette propriété.
Grâce à sa composition, la baie de cranberry contribuerait à :
- La prévention des ulcères dus à la bactérie Helicobacter pylori ;
- La réduction de la plaque dentaire et des risques de parodontite, par son action antibactérienne (à condition de ne pas utiliser ses présentations avec sucres ajoutés) ;
- Un bon équilibre entre le bon et le mauvais cholestérol ;
- Une réduction de la pression artérielle ;
- La protection du bon fonctionnement neuronal ;
- La prévention des infections urinaires, grâce peut-être aux proanthocyanines qui empêcheraient les bactéries de se fixer aux parois de la vessie. Son efficacité a été reconnue en 2004 par l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments). C’est sa propriété la plus connue.
La baie de cranberry en cuisine
Aux États-Unis, la tradition fait appel à la baie de cranberry pour accompagner la fameuse dinde de Thanksgiving : la sauce aux cranberries se compose de baies fraîches, de jus d’orange et de sucre. Si les baies de cranberry fraîches sont encore difficiles à trouver en Europe, elles se trouvent à l’état séché ou surgelé. On peut les intégrer à des gâteaux (cakes, muffins) ou à des barres énergétiques, et de délicieuses recettes sucrées/salées comme des risottos.
Les infections urinaires
L’urine est normalement stérile, grâce à son pH acide et aux parois très lisses de la vessie et de l’urètre. Malgré tout, les infections urinaires sont très courantes et se caractérisent le plus souvent par des mictions fréquentes et douloureuses avec une sensation de brûlure, une impression de lourdeur au bas-ventre, et parfois de la fièvre. Les infections urinaires se divisent en trois catégories :
- L’urétrite infectieuse : c’est une infection bactérienne de l’urètre, ce canal qui conduit l’urine hors de la vessie. Elle touche davantage les hommes ;
- La cystite : c’est la forme la plus fréquente. Elle est due à une remontée de bactéries Escherichia coli (en provenance de la région anale) dans l’urètre et la vessie. Elle est donc toujours associée à une urétrite. Elle touche en grande majorité les femmes (2 millions par an en France), chez qui l’urètre est plus court que chez les hommes (4 centimètres) ;
- La pyélonéphrite : là encore, les femmes sont plus touchées. Les bactéries ont colonisé les reins, il y a souvent de la fièvre et des nausées, c’est une situation d’urgence. Elle est parfois due à une cystite mal traitée.
Quelles sont les personnes les plus à risque ? Les femmes enceintes, celles qui sont sexuellement très actives, celles qui sont ménopausées, les hommes atteints d’une maladie de la prostate, les personnes diabétiques ou celles qui ont dû recevoir une sonde urinaire. Les traitements médicaux consistent en une antibiothérapie, courte pour les cystites (1, 3 ou 7 jours), plus longues pour les infections urinaires récidivantes.
Les facteurs de risques favorisant les infections urinaires
- Hydratation insuffisante ;
- Malformations de l’urètre : c’est l’un des rares cas où un enfant peut être atteint ;
- Maladie de la prostate chez les hommes ;
- Période d’activité sexuelle intense suivant une période d’abstinence ;
- Utilisation d’un diaphragme contraceptif ;
- Utilisation de spermicides ;
- Mauvaises habitudes d’essuyage après passage à la selle : il faut toujours essuyer de l’avant vers l’arrière ;
- Règles longues et abondantes, serviettes ou tampons gardés trop longtemps.
Mesures préventives et curatives contre les cystites
Pour éviter les cystites, il faut :
- Boire beaucoup : au moins un litre et demi par jour ;
- Ne pas retenir l’urine ;
- Uriner systématiquement après chaque rapport sexuel ;
- Pratiquer un essuyage d’avant en arrière après la selle.
En cas de symptômes, en attendant le rendez-vous médical, il faut :
- Boire trois à quatre litres d’eau répartis dans la journée ;
- Éviter les boissons irritantes comme le café, les jus de fruits ou les épices ;
- Boire 250 ml de jus de cranberry par jour, ou 600 à 800 mg d’extrait de cranberry en gélules ou en comprimés.
L’efficacité du jus de cranberry pour prévenir les infections urinaires a été prouvée, même si les mécanismes d’action ne sont pas encore tous connus. Cocooncenter propose toute une gamme de produits à base de cranberry anti-cystite. Ils sont à intégrer dans les habitudes alimentaires pour profiter de toutes leurs propriétés, d’autant plus que les seuls effets secondaires connus de la baie de cranberry sont quelques désordres digestifs en cas de surconsommation de jus, comme tous les jus de fruits acides.
Profitez des nombreux bienfaits de la baie de cranberry ! Grâce à de bonnes habitudes d’hygiène et des traitements naturels, on peut réduire la fréquence et la gravité des infections urinaires.
Les trois points clés à retenir sur la cranberry :
- La baie de cranberry est un produit naturel. Les bienfaits de cette baie sont nombreux, elle est sans effets secondaires, mais attention à ne pas choisir des présentations avec trop de sucres ajoutés. En cas de grossesse, la baie de cranberry ne présente pas de danger ;
- Inclure la cranberry dans son alimentation quotidienne ne peut être que bénéfique, car ses effets préventifs contre les infections urinaires sont avérés. Par contre, ses effets curatifs n’ont pas encore été démontrés ;
- Les infections urinaires sont le plus souvent faciles à traiter, mais il faut toujours aller consulter son médecin, car les complications sont rares, mais parfois graves.